Article paru dans le magazine 216_mai 2022 / Rédigé par Simon Billeau

Le triathlon est un sport hautement technologique particulièrement avec la partie cycliste. Mais chaque discipline revêt ses particularités et le triathlon dans sa globalité est unique. Ainsi, des accessoires ont été notamment inventés pour notre sport. Qui n’a pas en mémoire les triathlons d’antan où l’on accrochait nos dossards directement sur nos tenues à l’aide d’épingles à nourrice ? Ce faisant, on trouait notre tenue de compétition. Avec un dossard à l’arrière pour le cyclisme et un dossard à l’avant pour la course à pied, il ne fallait pas longtemps avant que notre tenue fluo des années 2000  (80 pour certains…) ne devienne un parachute troué qui ressemblait plus à du gruyère qu’une tenue aérodynamique.

La réglementation en triathlon a su évoluer et l’invention des ceintures porte-dossard a été légalisée. Cela a résolu le problème des trous, mais en termes de visibilité, le résultat n’est pas optimal avec des dossards qui souvent se retournent et/ou se décrochent et donc le concurrent se retrouve sans dossard et donc est disqualifié s’il ne peut se remettre en conformité.

Aérodynamiquement, la ceinture porte-dossard portée lors de la partie cycliste est de loin ce qui attire le plus l’œil des experts dans les gains marginaux en visionnant des vidéos. En effet, cette ceinture flotte au vent de manière hystérique. Aerocoach UK s’était d’ailleurs intéressé au sujet en faisant des tests sur vélodrome. Il en était ressorti qu’un dossard coûte entre 5 et 8 watts lorsqu’il est porté sur une ceinture. Cela peut s’avérer encore plus pénalisant si l’une des épingles à nourrice se détache ou si le dossard se détériore et l’un des coins se retourne. Ainsi, avoir son dossard le plus à plat possible est une évidence. Cependant, avec les accessoires actuellement disponibles, cela est impossible. C’est là ou les aimants peuvent apporter une solution.

La compagnie Fine Line Cycling, basée aux USA, est détentrice du brevet au sujet de ces aimants spécialement dédiés à l’attache de dossards sur des tenues de sport. Les aimants sont en effet différents de ceux de la concurrence dans leur forme. Ils sont évidemment composés de 2 parties qui s’attirent ou se repoussent selon l’orientation d’une des faces. Mais la forme particulière de ces aimants est qu’elle leur permet de se verrouiller entre eux. La partie interne est évidée et la partie externe, et donc visible de l’extérieure, possède une protubérance arrondie pour “s’accoupler” avec fermeté. Le maintien du dossard est d’ailleurs amélioré si les dossards sont munis de trous dans leurs coins. À ce titre, si le dossard que vous recevez d’une organisation n’en possède pas, une simple perforatrice à papier fait l’affaire.

Structurellement, ces aimants sont composés de métaux rares en néodyme N35. Il faut appliquer une force de traction de 2,5 kg  pour séparer les 2 parties. Jason Berry, l’inventeur de ces aimants, les a d’ailleurs testés sur une moto jusqu’à une vitesse de 105 km/h. En disant cela, on peut imaginer quel est l’inconvénient principal. Il s’agit en effet de l’installation des aimants sur votre tenue. De mon expérience personnelle, il ne faut pas être sous pression et être donc pressé par le temps, surtout si vous en avez fait l’acquisition récemment. La période de familiarisation est cependant courte.

Une vidéo sur le site officiel explique en détail les astuces pour une installation facile. Pour la résumer en quelques points, voici ce qui me paraît essentiel :

  • prendre un seul aimant à la fois pour éviter que les autres se s’agglutinent entre eux ou s’attirent a quelques choses de métallique
  • placer la face creuse de l’aimant autour d’un des trous du dossard. apposer maintenant l’autre face afin de coincer le dossard entre les deux parties de l’aimant. Dans le cas d’un dossard sans trou, placer les deux parties de l’aimant de part et d’autre du dossard en son milieu puis déplacer l’aimant vers le bord en s’arrêtant à environ 2 cm de l’extrémité
  • Pour le dossard dorsal, l’installation est plus difficile. Je recommande d’installer le dossard avant de l’enfiler délicatement.

Les aimants sont relativement petits (12.7mm de diamètre pour une hauteur de 7.7mm) mais disposent de 29 designs différents, ce qui les rend attractifs visuellement. C’est un autre avantage des Race Dots comparés aux épingles à nourrice. Par ailleurs, il est possible d’avoir vos aimants customisés si vous commandez 50 lots de 4 aimants. C’est une offre qui peut intéresser les clubs par exemple.

« Le dossard reste bien en place sous la combi, même à la fin de la natation. »

Le seul désavantage que je vois des aimants par rapport aux épingles à nourrice repose sur leur poids. J’ai pesé ceux que j’ai reçus à 27 grammes, contre 1 gramme pour les épingles à nourrice. Maintenant, du côté aérodynamique, les calculs réalisés par Aerocoach UK montrent que le gain d’avoir un dossard plaqué contre votre bas du dos permettrait d’économiser entre 1’30” et 2’ sur un Ironman ou l’équivalent de l’énergie nécessaire pour courir un kilomètre et demi. Concernant la durabilité, le néodyme garde ses propriétés d’attraction pour 50 années. Donc, pas de soucis majeur de ce côté, alors que les épingles à nourrice ont la fâcheuse tendance à rouiller lorsqu’elles sont en contact avec l’eau et/ou la sueur.

Enfin, ma préoccupation majeure concernait l’attraction potentielle des fermetures éclairs de ma trifonction et de ma combinaison. J’avais peur que ces éléments n’interagissent avec les aimants et par conséquent que les aimants migrent de l’emplacement souhaité. Il n’en fut rien et les dossards étaient toujours en place à la fin de la natation. Là ou il faut être prudent, c’est lors de la transition et spécialement lors du retrait de la combinaison. On effectue en général des gestes brusques pour s’extirper de ces combinaisons néoprène. Ce moment est délicat et doit être abordé en gardant à l’esprit que l’on peut compromettre l’un ou tous les aimants en place de manière non intentionnelle. Il y a donc un risque qui n’existe pas avec l’emploi d’une ceinture.

Ainsi, je pense que les Race Dots sont très efficaces pour les épreuves de course à pied et de cyclisme. Pour le triathlon, ils sont également bien plus avantageux que les épingles à nourrice. Mais le risque zéro n’existe pas, ce qui est également le cas avec les autres systèmes d’attaches des dossards. À ce titre, la société informe sur leur site qu’ils ne recommandent pas leur utilisation notamment si le participant doit nager… C’est sûrement lié au fait que l’on peut perdre les aimants plus facilement durant des épreuves où les mouvements peuvent interférer avec les aimants.

Financièrement, ils sont abordables. À partir de 16.99$ pour un lot de 4, c’est un achat qui peut s’avérer utile pour votre performance et apporter une touche de fun esthétiquement parlant. Si vous en perdez un, ils sont également disponibles à l’unité à partir de 4$.

Plus d’informations: https://www.racedots.com/