Article paru dans le magazine 199 _ septembre 2020 / Rédigé par Simon Billeau

Le pneu Tannus Aither 1.1 est le nouveau pneu plein de la marque sud-coréenne.

Vous connaissiez déjà les boyaux, les pneus, les pneus tubeless… laissez-nous vous présenter le pneu plein ou « airless » comme les inventeurs préfèrent l’appeler. Sans air !

Avant que Dunlop n’invente le pneumatique en 1887, tous les vélos étaient équipés de pneus pleins et, mis à part le fait d’être inconfortables, personne n’avait jamais eu de crevaison avec. Depuis, l’industrie du vélo a lancé et assuré l’hégémonie du pneu. Et les cyclistes / triathlètes se sont habitués à emporter avec eux chambres à air de rechange, démonte-pneus et mini-pompe, nécessaires pour réparer une crevaison. Pourtant, il n’y a rien de plus désagréable que d’être sur le bord de la route en hiver à réparer une crevaison, pendant que les copains vous attendent, ou pire encore, avoir une crevaison durant une course !

Donc, en théorie, un pneu non pneumatique pourrait être une aubaine : pas besoin de transporter une pompe, des démonte-pneus et une chambre à air, ni d’appeler son/sa conjoint(e) pour rentrer à la maison. Tannus a développé le pneu sans air Tannus Aither 1.1 depuis plus d’une décennie et a d’ailleurs gagné un prix IPSO à Munich en 2012 pour son produit.

Composition et innovation 

Le pneu Tannus Aither 1.1 utilise le même système de goupille pour maintenir le pneu dans la jante que les pneus précédents (1.0) de l’entreprise et est fait d’une résine polymère brevetée.

Installation 

Le montage du pneu Tannus Aither 1.1 en 23 mm est le point faible de ce produit. Car vous devez sélectionner les goupilles de la bonne longueur pour votre jante, afin qu’elles se mettent en place assez facilement tout en maintenant le pneu en place en toute sécurité. Vous n’avez pas besoin de fond de jante, ce qui économise un peu de poids au roulement. Vous devez également vous assurer que toutes les goupilles sont posées uniformément, de sorte que le pneu soit symétrique sur la jante. Heureusement, le Tannus Aither 1.1 23 mm est suffisamment large pour bien s’adapter aux jantes plus larges qui sont de plus en plus répandues sur les roues modernes. Si vous rencontrez des difficultés à l’installation, n’hésitez pas à demander à votre revendeur de vous les installer. Tannus affirme que la durée de vie du Tannus Aither 1.1 23 mm est d’environ 10 000 km ! Cette installation “délicate” est donc un point faible à oublier.

Les pneus sont expédiés avec tout le nécessaire pour l’installation. Chaque boîte en plastique contient un pneu, 3 jeux de goupilles (différentes couleurs pour différentes largeurs, pour s’adapter à différentes largeurs de jantes), un outil d’installation, un manuel d’utilisation et des instructions qui sont joliment complétées par des informations et des vidéos d’installation sur le site internet de Tannus. J’ai lu les instructions, regardé les vidéos et même contacté directement Tannus pour obtenir des conseils. Fait appréciable, ils répondent très vite et même les week-ends.

J’ai mesuré la largeur de ma jante intérieure (17 mm) et pris en considération le fait qu’il fallait des goupilles d’environ 3,5 mm plus longues. Après avoir testé chacune des trois broches pour déterminer celle qui s’adapte le mieux à ma jante, j’ai installé les goupilles violettes de 21 mm et j’ai commencé à les insérer dans les pneus. Chaque pneu nécessite 40 goupilles. Mais ce n’est pas difficile avec leur outil pour pousser la goupille. Tannus inclut aussi quelques goupilles en plus, au cas où vous en perdriez pendant le montage ou si vous en cassiez une.  Les pneus étant livrés serrés, il faut donc les “pré-étirer” pour aider au montage. Après cela, il faut verrouiller les goupilles en place.

Le montage est relativement long et demande de la patience, car il faut parfois enlever les goupilles si le pneu ne se place pas symétriquement sur la jante. Il faut refaire le processus avec une autre longueur de goupille. Cependant, une fois que vous avez réussi, il suffit d’utiliser les mêmes goupilles lors d’une nouvelle installation.

À l’essai

J’ai été impressionné par l’adhérence des Tannus ! J’avais essayé des pneus pleins génériques de l’un de mes fournisseurs en Chine et la différence est significative. Vous pouvez déraper de la roue arrière si vous freinez fort sur une route mouillée, mais ce n’est pas moins contrôlable que les meilleurs pneumatiques du marché. Cependant, la grande recommandation est d’éviter les dérapages, car le pneu perdra sa forme cylindrique et à chaque rotation, on peut réellement sentir le “plat” formé par le dérapage…

Là où le pneu ne se comporte pas si bien, c’est sur sa qualité de roulement.  Tannus nous a dit que la pression équivalente pour un pneu pneumatique est de 105 psi soit 7 bars. Cela semble être plus “dur”. On peut s’en rendre compte sur les routes avec de fortes aspérités. Si vous avez des soucis de dos et notamment au niveau des lombaires, ce n’est donc pas le pneu à vous conseiller ou alors il faut les utiliser sur du beau bitume. Cela s’est traduit par une conduite inconfortable, sur les routes australiennes typiques, qui devient fatigante après quelques heures. Autre fait intéressant, j’ai également perdu entre 1 et 1,5 km/h avec le Tannus Aither 1.1 23 mm par rapport à mes pneus d’entraînement habituels (Vittoria Zaffiro).

La promesse de Tannus est séduisante pour tout cycliste : 10 000 km garantis sans crevaison. C’est mission impossible avec un pneu traditionnel… En général, on en obtient 5 000 km, soit la moitié moins et souvent, il n’est pas rare qu’une crevaison en fin de vie du pneu vienne nous ennuyer. Cependant, si la durabilité et l’absence de crevaison étaient les seuls facteurs, nous roulerions tous sur des pneus en caoutchouc plein, mais ceux-ci s’avèrent peu pratiques pour le cyclisme en raison de leur poids, de leur confort de conduite réduit et de leur résistance au roulement accrue. Par ailleurs, ils viennent à un prix relativement cher (AU$88 le pneu, soit plus de 50 €). Esthétiquement, les Tannus peuvent vous aider à customiser votre vélo car ils sont disponibles en 12 couleurs différentes.

Si vous recherchez un pneu qui va vite, passez votre chemin… Selon Tannus, la résistance au roulement est augmentée de 8%.

Le conseil est d’être prudent lors des 100 premiers kilomètres pendant la phase de “rodage” du pneu.  Une préoccupation qui se surmonte finalement assez tôt, était de savoir si les pneus resteraient en place ou déjanteraient. J’ai commencé à rouler avec prudence, inquiet que cela puisse arriver. Le doute s’est vite dissipé et après avoir épuisé ma 1ère paire de Tannus, je sais qu’ils sont de confiance et que l’on peut attaquer dans les courbes.

Les pneus Tannus rendent la conduite sur route un peu plus sûre également. Surtout après la pluie, quand il y plus de débris sur le bord de la route. Avec des pneus ordinaires, je suis focalisé sur la chaussée pour éviter les potentiels agents de crevaisons, mais avec des pneus sans air, je ne me soucie pas de rouler à travers des choses qui pourraient normalement couper un pneu ou provoquer une crevaison. Et cela réduit aussi l’exposition du cycliste à une circulation dangereuse.

En conclusion, je ne regrette pas mon achat, car les Tannus me permettent de rouler en toute sérénité. On sait qu’on ne sera pas en retard du fait d’une crevaison. Les points faibles sont l’installation, la résistance au roulement et la conduite un peu moins confortable. Si vous vivez en ville ou en périphérie, les Tannus sont certainement une bonne idée. Nous savons aussi de source sûre que Lucy Charles-Barclay les utilise.

Pour la compétition, les Tannus sont évidemment à proscrire si vous êtes un minimum orienté performance. Enfin, j’ai adoré l’augmentation de la résistance au roulement à l’entraînement qu’ils procurent. Car lorsque je remets des roues avec des pneus traditionnels, la différence est plaisante.