Article paru dans le magazine 210_Octobre 2021 / Rédigé par Gwen Touchais

Quand on regarde les résultats du dernier Embrunman et les vélos des meilleurs à l’arrivée (Léon Chevalier vainqueur en roue lenticulaire), on se dit qu’il va falloir revoir notre choix de roues pour les compétitions à venir ! Exit les jantes basses, la préférence est maintenant largement donnée aux configurations bien plus aérodynamiques avec pour beaucoup des premiers le choix d’une roue pleine à l’arrière.

Dans ce contexte, nous avons testé deux options bien différentes pour ceux qui voudraient franchir le pas :

  • Une paire de roues à bâtons Mark 3 de chez Xentis, un vrai “retour vers le futur” pour ceux ayant connu le triathlon dans les années 90
  • Une roue Aeron X de chez RON Wheels pour ceux qui ne jurent que par la roue pleine en compétition.

En dehors du fait que ces roues sont toutes deux des productions locales (Autriche pour les Mark 3 et Pologne pour l’Aeron), autant le dire tout de suite, elles n’ont pas grand-chose en commun.

Xentis Mark 3, pour rouler différemment !

Utiliser une roue à bâtons sur un triathlon dans les années 90 n’avait rien d’exceptionnel. On y voyait même un signe de reconnaissance du triathlète au même titre que le prolongateur. Moins exclusive qu’une roue paraculaire (ou lenticulaire), moins aéro aussi, elle présente pour autant de nombreuses qualités telles que rigidité, inertie, bruit de roulement et look bien sûr ! Trop exclusive ou tape à l’œil ? Malheureusement, la roue à bâtons a vu son utilisation décliner au profit des roues à jantes plus ou moins hautes souvent plus légères et polyvalentes. Fort heureusement, il est encore possible de rouler différemment, fier comme un triathlète ! Cela est possible en partie grâce au progrès fait dans la maîtrise des procédés de fabrication liés au carbone, mais aussi par l’avènement du freinage à disque qui facilite l’usage de ces roues dans toutes les conditions.  

Les Mark 3 sont le résultat de toute l’expertise de Xentis dans la maîtrise du carbone, et ce de A à Z pour ce qui est du processus de fabrication. Les roues sont fabriquées 100% à la main en Autriche. Ce sont des roues de type “monocoque”, c’est-à-dire conçues à partir d’un moule et d’un seul bloc.

Les avantages d’une telle conception sont multiples :

  • Un rigidité inégalable dans la mesure où il n’y a aucune perte comme il peut en exister dans les liaisons entre une jante, les rayons et le moyeu d’une roue classique. Les effets se ressentent tant au niveau du freinage qu’à la précision du pilotage.
  • Aussi bête que cela puisse paraître, on limite voir élimine aussi l’entretien nécessaire aux potentielles pertes de tension des rayons, dévoilage…
  • Le carbone permet un réel travail de design sur la roue autant sur la jante que sur les bâtons. Xentis peut donc concevoir la roue dans son ensemble afin d’en optimiser l’aérodynamisme et la rigidité.
  • Un freinage disque puissant grâce au peu de déformation affiché par une roue monocoque.
  • Pas de casse de rayons… 
  • Confort dû à une utilisation intelligente du carbone. Là aussi, les progrès sont notables depuis ces 20 dernières années !

Au rayon des principales caractéristiques techniques on peut noter :

  • Un poids de la paire d’environ 1 740 g en version tubeless ready (un peu moins en version boyau)
  • 5 bâtons pour se démarquer 
  • Une largeur de jante de 26 mm permettant le montage de pneus de 23 à 40 mm !
  • Une hauteur de jante de 42 mm
  • Un poids maximum autorisé du pilote de 120 kg

« À l’usage, les Mark 3 sont grisantes (…) rigides sans être inconfortables. »

À l’usage, les Mark 3 sont grisantes… pour autant que vous acceptiez de faire tourner toutes les têtes à votre passage. Les roues sont rigides sans être inconfortables. Ce confort étant aussi fortement influencé par les pneus que vous y monterez. Il est préférable d’opter pour une taille de 25 mm minimum et pourquoi pas privilégier une monte tubeless. On bénéficie alors des avantages d’une conception monocoque carbone (à savoir la rigidité) tout en conservant le confort nécessaire à la performance.

La rigidité est évidemment très sensible sur les relances mais aussi lors des longs faux plats abordés au train. C’est évidemment sur ce genre de parcours que les Mark 3 excellent, tant par leur aéro que par l’inertie des roues. Elles donnent cette sensation plaisante d’entretenir de la vitesse à moindre coût.

Les Mark 3 offrent peu de prise au vent. On peut y voir le résultat d’un travail sur le profil des jantes et bâtons, mais aussi au final par la relative faible profondeur des jantes (42 mm). On bénéficie donc des avantages d’une roue aéro tout en limitant les affres des coups de vent. Pour ceux à qui cela ne suffit pas… Il est encore possible d’opter pour LA configuration ultime, à savoir une Mark 3 sur l’avant et une Blade pour l’arrière. Pour le coup il ne faudra alors pas mollir ! Un peu moins à l’aise lorsque la route s’élève, il est quand même toujours possible de monter au train. Evidemment, au-delà de certains pourcentages, le léger embonpoint des roues peut se faire sentir et ne pas en faire la meilleure option. Mais c’est sur la globalité d’un parcours qu’il vous faudra les juger. Les Mark 3 se révèlent alors des roues relativement polyvalentes dont les qualités de freinage permettent tout ou presque.

S’il ne fallait retenir qu’un inconvénient ou frein à l’achat, c’est évidemment le prix : 3 330 € ppc… Chères les Mark 3, cela ne fait aucun doute. C’est le prix d’une fabrication de qualité à la main et non délocalisée. À ce prix, nous aurions préféré y voir associée une garantie à vie et non de 2 ans comme c’est le cas. Pour le test de ces Mark 3, c’est aussi la première fois que j’ai eu à signer une décharge en cas de chute ou casse… c’est pour vous dire la valeur des roues !

Mis de côté la question du prix, posséder des Mark 3 c’est une belle opportunité de rouler avec du matériel performant qui saura vous différencier des autres. C’est aussi un joli clin d’œil à notre discipline qui a fait les beaux jours des roues à bâtons.

Aeron X, l’alternative à petit prix !

Ce n’est pas la première fois que nous testons cette Aeron X, puisque nous l’avions déjà eue à disposition en version disque pour un test précèdent (voir magazine n°199). Cette fois-ci, c’est en version classique et donc pour un freinage sur jante que nous l’avons reçue. Autant être clairs, cette version n’a pas notre préférence dans la mesure où cela rend cette roue encore plus exclusive qu’elle ne l’est déjà ! Malgré 100 g de gagné sur la roue, il vous faudra composer avec un freinage sur jante carbone toujours plus délicat et ce surtout dès que la route s’élève (et donc redescend).   

« L’Aeron X ? Sans aucun doute le meilleur choix pour qui veut s’essayer à l’ivresse d’une roue pleine sans casser sa tirelire. »

Avec “seulement” 1 080 g sur la Balance d’après RON (plutôt 1 180 d’après notre balance), et disponible à un prix de 899 € (sur le site RON actuellement) l’Aeron X est sans aucun doute le meilleur choix pour qui veut s’essayer à l’ivresse d’une roue pleine sans casser sa tirelire. Côté technique, la construction de la roue est de type lenticulaire avec un revêtement « XaeroSkin » dont la technologie doit vous offrir une réduction de la traînée de 4 à 5%. On retrouve donc là un discours très similaire aux grandes marques références du marché pour une fraction du prix. Le moyeu dispose également de roulements céramiques et est compatible Shimano, Sram, mais aussi Campagnolo et Sram XD en option.

La surface de freinage profite d’un traitement de surface au laser afin d’en améliorer l’efficacité. De même, des patins spécifiques sont fournis à l’achat. Cela n’égalera cependant jamais la sécurité d’un freinage disque et limite raisonnablement l’utilisation de cette roue à des parcours plats à vallonnés.

Comme sa petite sœur à disque, l’Areon X offre une bonne inertie et sera à son aise dès que la route s’aplanit et que la vitesse s’envole ! Alors on ressent l’effet d’entraînement généré par la roue autant qu’on profite de sa douce mélodie.

À l’inverse et parce qu’évidemment on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, les poids plumes devront s’abstenir de l’utiliser dès que la route s’élève. En effet les relances sont coûteuses et au-delà d’une pente de 3-4%, le poids devient pénalisant. Cette sensation est renforcée par la rigidité de l’ensemble, même si nous n’avons constaté aucun frottement ni flottement lors des relances.

Le confort est au rendez-vous et ce d’autant plus si vous optez pour un montage tubeless. Avec un pneu de 23 mm comme sur notre montage, le profil vient parfaitement épouser le profil de la roue, optimisant ainsi l’aérodynamisme. Il est possible d’y monter également du 25 mm pour un peu plus de confort. Si l’on devait souligner un point à vérifier avant de passer à l’achat, c’est la question de la sensibilité au vent. Celle-ci sera toujours, quoiqu’on fasse, plus importante et vous empêchera d’utiliser votre roue sur tous les circuits (comme sur le half d’Aix par exemple). Soit car c’est dangereux, soit car c’est tout simplement interdit par l’organisation. Avec de l’entraînement, ce point peut se travailler afin d’en limiter l’impact. Toutefois et pour les gabarits très légers, le mieux est quand même de pouvoir faire un test au préalable. Malgré cela et si toutes les conditions sont réunies, une roue pleine reste un gage de performance et peut justifier l’investissement. Pour en terminer avec l’Aeron X, celle-ci reste à ma connaissance un ovni dans l’offre actuelle. À ce prix et à moins de se tourner vers de l’occasion, vous ne trouverez pas d’équivalence. Dans le cas contraire, n’hésitez pas à partager avec nous ce bon plan ! 899 €, cela reste un investissement, mais si vous rêvez de longues lignes droites, du ronronnement d’une roue pleine et voulez ressembler à vos idoles de jeunesse sur Ironman… alors foncez, on n’a qu’une vie !