Article paru dans le magazine 214 _mars 2022 / Rédigé par Gwen Touchais

Et si l’avenir du triathlon était le Gravel !? On en est certainement encore loin, mais cela donne quand même à réfléchir. En octobre dernier, Jan Frodeno a lancé la première édition du SGRAIL100, un triathlon “made in Gravel” chez lui à Gérone. 2 km de natation, 88 km d’un merveilleux parcours gravel, avant d’en terminer par 10 km de trail. De l’autre côté de l’Atlantique, USA Triathlon lance les “Gravel Triathlon Series” pour 2022 : 8 compétitions, dont un championnat national le 3 Juin en Arkansas. Sans s’emballer ni présager de ce qu’un tel format peut devenir dans un proche avenir, on constate un réel intérêt commun pour cette pratique : organisateurs, industrie du cycle mais aussi nous-mêmes qui cherchons à élargir nos horizons et limiter les risques associés à une pratique sur route.  

Pour celles et ceux ayant déjà fait le tour de la question (et de la planète) avec Ironman, de nouvelles perspectives s’ouvrent avec le Gravel : plus de sécurité, moins de drafting, des voyages… Comme un air de retour aux sources ? On peut entrevoir sur un triathlon Gravel un effort à mi-chemin entre le triathlon longue distance et le XTERRA (la technique en moins).

La bonne nouvelle pour nous, c’est que qui dit nouvelle pratique, dit nouveau vélo ! Et à ce petit jeu, la marque Canyon nous déçoit rarement… Nous en avons donc profité pour tester la nouvelle version du splendide Canyon Grail CF SLX 8 Di2. Et autant le dire de suite, si c’est assez bon pour Jan Frodeno, c’est assez bon pour nous !

Un signe évident de l’intérêt des marques pour la pratique Gravel : Canyon nous propose déjà 2 modèles différents dans sa gamme : le Grizl pour une pratique typée Bikepacking et le Grail de notre test pour un usage plus sportif. Le Canyon Grail CF SLX  est évidemment le porte-étendard de la gamme dans la mesure où il ne se décline qu’en 2 versions : Di2 pour 5 199 € ou ETAP pour 6 499 €.Mais rassurez-vous, il y en a pour tous les budgets puisquela gamme débute à 1 499 € avec un cadre en aluminium et une transmission Shimano GRX RX400. Entre les 2, il y a de quoi se faire plaisir avec un large choix (une dizaine de versions différentes du Grail) comme souvent chez Canyon.

Pourquoi le triathlète va aimer ce Canyon Grail CF SLX 8 Di2 ?

Comme le dit Canyon : « Il n’y a pas que le soleil et le bronzage. Si vous avez besoin d’un vélo qui vous permettra de traverser toutes les saisons, le Grail est ce qu’il vous faut. C’est notre vélo de route et de gravel tous temps, toutes conditions, toutes surfaces, idéalement équilibré pour des kilomètres sans stress en hiver, comme pour des sourires en été. » Et chez Trimax, ça nous parle. Un vélo toutes saisons et tous terrains, ça nous donne la banane !

830 g sur la balance vous dites ? Autant dire qu’à ce poids, on est à peine plus lourd que le cadre route à gamme équivalente (une dizaine de grammes seulement). Il est facile d’en conclure que le Grail CF SLX est une vraie bête de course. On y retrouve aussi bien l’ADN des modèles routes de la marque que celui du modèle Cyclocross utilisé en Coupe du Monde. En bref, un condensé de performance associé à une bonne dose de confort.  Conséquence de sa désignation SLX, cette version du Grail dispose des mêmes fibres de carbone et caractéristiques que le reste de la gamme route SLX chez CanyonIl se montre donc aussi rigide que léger. Mais ça, c’est pour le cadre… Car pour le reste, Canyon mise sur le confort : cockpit, tige de selle, guidoline, selle, roues spécifiques et géométrie sportive, mais adaptée au gravel. Rien n’a été oublié !

Le fameux cockpit exclusif Canyon CP07

On aime ou on n’aime pas… mais on se doit au moins de saluer Canyon dans ses efforts de conception. Passé le premier contact visuel, force est de constater qu’il est sacrément efficace ce cintre ! Avec un reach et un drop court (respectivement 70 mm et 130 mm), c’est aussi bien les cocottes que le bas du cintre qui tombent parfaitement sous les mains et offrent une bonne prise quand ça commence à secouer. Là encore, Canyon nous gâte en y ajoutant une guidoline “maison” épaisse et disposant d’un excellent grip. C’est dans les détails que l’on juge de la qualité de l’ensemble, et Canyon nous fait là un sans-faute. Même s’il est difficile de juger du gain de confort apporté par le cockpit lui-même, le confort de l’ensemble nous a bluffé.

Des composants et accessoires au diapason

Mention spéciale pour la tige de selle Canyon S15 VCLS 2.0 CF qui, associée à l’excellente selle Fizik Terra Argo, contribue au confort global du Grail. Comment ne pas mentionner aussi les roues DT Swiss GRC1400 Spline db : légères, rigides, dynamiques et une largeur interne de jante de 24 mm permettant le montage de pneus Gravel d’un bon volume en tubeless. Ici, elles sont associées à des pneus Schwalbe G-One R qui sont un très bon compromis sur terrain plutôt sec. À noter que la taille des roues dépendra de la taille du cadre choisi : 650B jusqu’au XS puis du 700 sur les autres tailles. Judicieux. Et permettant de proposer une taille de roue ici en parfaite adéquation avec la taille du cadre.

Nous ne nous éterniserons pas sur le groupe Shimano GRX Di2 RX815 GS, la référence du marché pour moi. Ce groupe offre fiabilité et précision sur le long terme, les cocottes sont ergonomiques et antidérapantes, et la version double plateau a tout son sens pour une utilisation Gravel “sportif”. Au final, un montage sans faute ni point faible, tel qu’on est en droit de l’attendre à ce prix. Pour environ 5 000 €, on apprécie qu’aucune concession n’ait été faite et que chaque pièce du montage soit à la hauteur. Merci Canyon.

« Le Grail sera plus à l’aise à l’attaque qu’en balade. (…) Il offre un comportement très joueur dans les singletracks. »

Un petit mot sur la géométrie

J’ai trouvé la géométrie de ce Canyon très “compacte”. Les recommandations du configurateur m’ont orienté sur un XS (et de loin) pour 1m70, mais par curiosité j’aurais aimé voir la différence avec un S. Sur ce Grail et pour me sentir parfaitement bien, il m’aurait vraisemblablement fallu allonger le cockpit. C’est d’ailleurs un des rares reproches que l’on peut lui faire, celui d’une moindre liberté pour les réglages sur le cockpit. On ne peut pas tout avoir.

Pour le reste, la géométrie est proche d’un vélo route typé endurance. Le Grail sera donc plus à l’aise à l’attaque qu’en balade. Mais si l’envie de pousser sur les pédales vous prend, alors ce Grail ne vous laissera pas tomber et vous ferez le plein de sensations fortes. Le Grail est très agile avec son empattement relativement court, il offre un comportement très joueur dans les singletracks.

Un pour les gouverner tous ?

Non. En bon triathlète, et quoiqu’on en dise, vous ne pourrez pas faire de ce vélo votre unique vélo. Par contre, il peut très bien venir remplacer votre VTT pour passer l’hiver et pourquoi pas donc participer à quelques triathlons d’un nouveau type si la pratique Gravel perdure. En tout cas, chez Trimax, nous y croyons et nous avons pris un vrai plaisir à rouler avec ce Grail cet hiver. Qu’il fasse beau ou qu’il pleuve, pour 1h comme pour 4, le Gravel s’adapte et élargit vos horizons. Canyon l’a bien compris et nous a sorti avec le Grail CF SLX 8 Di2 un vélo abouti sans aucune faute de goût.

Au final : un cadre carbone haut de gamme à 830 g, un cockpit carbone intégré, une transmission Di2, des roues carbones profilées DT Swiss pour 5 199 €… On est en droit de se poser des questions quand on voit le prix des derniers vélos route haut de gamme et la justification de leurs prix. Vous l’aurez compris, il n’y a rien à jeter avec ce Grail CF SLX 8… Ah, si seulement Canyon nous vendait aussi les watts de Mathieu Van der Poel et le cardio de Jan Frodeno !