Article paru dans TrimaX-Magazine n°234 (février 2024). Rédaction : François Bonnafoux / photos : activ’images et triaaathlon

Alors que des résolutions formulées pour la nouvelle année se mettent en place petit à petit autour d’échéances rondement planifiées, des projets ambitieux et généreux pointent le bout de leur nez dans le monde du triple effort français ! Vous en avez très certainement entendu parler l’an passé, on parle ici d’une association qui porte avec elle la volonté de promouvoir le triathlon français au détour des triathlètes professionnel(-le)s françai(-e)s impliqués sur la longue distance. Une association qui affiche une identité forte avec 3 piliers que sont les Athlètes, l’Adrénaline et l’Animation. 3 mots choisis avec soin pour soutenir le triple effort et que vous retrouvez d’ailleurs inscrits dans son nom : Triaaathlon ! 

Fondée en fin d’année 2022 et représentée notamment par son Président, David Lacombe, et par Nicolas Maublanc, cette association a pour unique but d’aider les triathlètes professionnel(-le)s à mieux vivre de leur métier. Cela passera par le lancement dès cette année du Circuit National Longue Distance (CNLD) au travers de 4 courses référencées avec la mise en place d’un prize money. Le projet ne s’arrête pas que sur l’aspect sportif, puisque pour David Lacombe, il faut aussi les aider en dehors des courses : « On sert également de relais entre les triathlètes et tout leur écosystème : équipementiers, médecins et leur communauté. »

Véritable projet à 360 degrés, Triaaathlon apporte un regard novateur et rafraîchissant sur le monde professionnel du triathlon longue distance français en valorisant d’une part leurs performances, et d‘autre part en faisant valoir leur expérience et leurs compétences ! Cet entretien nous emmènera sur les origines et les motivations du projet afin d’en comprendre ses ambitions. Bienvenue dans l’aventure Triaaathlon !  

  1. Valoriser la performance : Athlètes 

On ne se lasse pas d’entendre dans la bouche du Président interrogé que la France fait partie des plus grandes nations du monde en triathlon : « En 2023, on a eu d’excellents résultats avec le sacre de Sam Laidlow sur le full distance à Nice, de Dorian Coninx sur la courte distance sans oublier les excellents résultats des femmes ! » À entendre ces mots, il sera difficile de ne pas être chauvin en 2024 pour les Français tant la densité du plateau professionnel est remarquable ! 

Pourtant, et c’est bien la raison d’être de l’association Triaaathlon expliquée par l’intéressé : « Les triathlètes professionnels ont encore du mal à gagner leur vie, il n’y a pas de modèle de salariat, simplement un fil conducteur avec des prize money à gagner, des sponsors qui vous aident avec des dotations et/ou des sponsors qui vous aident financièrement. »

Une passion transformée en projet unique 

Avant d’aller plus loin sur le détail des missions que souhaitent développer l’association, il convient d’expliquer son positionnement sur le triathlon longue distance : « Tout simplement parce je fais du triathlon essentiellement sur cette distance et que j’ai tissé des amitiés avec de nombreux professionnels investis dessus », précise David. Et de poursuivre :  « L’objectif de l’association, et c’est inscrit dans ses statuts, est de soutenir le triathlon sous toutes ses formes et toutes disciplines confondues (…) La Fédération s’occupe de la courte distance et elle le fait parfaitement bien, tandis que d’autres labels de triathlon s’investissent sur le full distance. Toutes ces raisons ont fait que nous avons fait le choix de lancer un circuit Longue Distance. » 

Ce circuit unique servira donc de tremplin à 50 triathlètes professionnels françaises et français pour accéder à un prize money. 25 femmes et 25 hommes pourront venir concourir sur 4 courses que nous connaissons tous bien, en les noms des triathlons de Lacanau, d’Obernai, de Montauban et celui de Royan. 

Les 3 meilleurs résultats seront retenus pour établir le classement final et pour engager la distribution des 30 000 € de prize money. « Nous savons que la somme n’est pas astronomique, mais c’est un point de départ » nous précise David Lacombe. Car si les récompenses de course constituent une des principales sources de revenu des triathlètes, le coaching en constitue une autre partie non-négligeable : « Pour en avoir discuté avec certains, ils sont nombreux à recourir au coaching pour gagner de l’argent, et nous les aidons sur ce point à capitaliser leur expertise pour le monétiser », complète David. Et c’est un lien qui n’est pas à négliger, les amateurs sont sensibles de pouvoir être mis en relation avec leurs idoles, que ce soit sur des courses ou en dehors. C’est précisément ce lien que cherche à valoriser toute l’équipe de David.

La pierre angulaire du projet : un soutien infaillible des triathlètes professionnels 

En complément de cet aspect sportif, Triaaathlon propose de soutenir les triathlètes sur d’autres domaines : « Nous servons de plateforme de référencement avec des partenaires experts sur les domaines juridique, de la communication et de la santé, qui sont capables de les aider quand ils ont besoin. On leur donne par exemple des tuyaux pour communiquer sur les réseaux et ainsi avoir une communauté plus importante. Cela va renforcer leur attraction commerciale et ils deviendront donc eux-mêmes plus pertinents pour offrir de la visibilité à leurs sponsors. À côté de ça, on leur fournit des bons plans sur des catalogues auprès d’équipementiers, sur la prévention de leur santé, la rédaction de leur contrat ou tout simplement sur la constitution de structure de facturation. »

Ce tout nouvel acteur du triathlon français s’engage donc à monter un réseau haut de gamme de véritables professionnels au service des triathlètes : « C’est un investissement conséquent pour tous ces acteurs puisque chacun donne de son temps (…) Il n’y a que de grandes stars qui peuvent se permettre d’avoir des avocats ou des agents qui les conseillent. La plupart n’ont pas accès à ces services, donc cela nous apparaissait naturel de le leur proposer gracieusement ! » 

  1. Valoriser des triathlons français reconnus : Adrénaline 

Attardons-nous maintenant sur ce fameux CNLD ! Il renvoie directement à un plan méticuleusement pensé et porté par le pilier Adrénaline. Sur ce sujet, le Président de Triaaathlon insiste bien sur un premier point : « Nous ne sommes pas des organisateurs de course, nous partons de l’existant en gardant toute leur identité. » 

L’association se positionne d’abord et avant tout comme des partenaires pour ce CNLD. Leur but n’étant pas encore une fois de créer de nouvelles courses car selon son Président, « Il y a en a suffisant et on en voit même disparaître donc il convient davantage de valoriser l’existant (…) C’est ce que nous avons fait avec le triathlon de Royan il y a quelques mois en gardant les 2 directeurs de course, à savoir Stéphane Garcia et Étienne Charbeau, ainsi que leurs équipes et les 400 bénévoles qui ont l’habitude de venir. »

Un circuit qui se repose sur l’expérience et l’expertise de ses fondateurs 

La création de ce circuit appelait naturellement de la légitimité et c’est pourquoi Triaaathlon a commencé avec le triathlon de Royan en 2023 : « Nous serons pendant 2 ans épaulés par les organisateurs originels. C’est important de travailler main dans la main sur des courses organisées par des indépendants qui connaissent leurs courses et qui ont leur propre expertise. »

Le premier bilan ayant été plus que positif, Royan servira de feuille de route pour les 3 autres courses qui rejoignent l’aventure en 2024. Finalement, peu de changement à noter côté organisation ; la course est toujours ouverte aux amateurs et c’est simplement un classement parallèle pour les pros qui verra le jour. 

Quand on demande à l’intéressé s’il est inquiet de ne pas voir certain(-e)s triathlètes concourir à cause de conflit de date avec des épreuves sur d’autres circuits, il nous répond avec entrain que cette problématique a été pensée et discutée en interne : « Quand on prend le calendrier sur une année, on s’aperçoit qu’il est assez homogène toute au long de la saison et c’est pour cette raison que nous en avons discuté avec les organisateurs des courses du circuit (…) Derrière, l’objectif étant d’attirer très modestement le gratin des triathlètes français professionnels parce qu’ils constituent une belle vitrine pour les courses hôtes, et pour faire rayonner par la même occasion les villes et régions dans lesquelles elles ont lieu ». Il conclura sur ce sujet en rappelant qu’un argument renforce leur attractivité grâce à l’attribution d’une reconnaissance PTO (Professional Triathletes Organisation) bronze à Royan, ce qui permettra aux athlètes de concourir sur 2 tableaux à la fois.

Un circuit qui récompense les classements et les performances  

Vous l’aurez compris, nous sommes en présence d’un projet conçu selon une approche globale de tous les leviers ayant un impact direct sur l’idée directrice de soutenir les triathlètes professionnels. L’identité de ce projet va jusqu’à se retrouver dans l’établissement des classements. Selon eux, il faut encourager les performances des concurrents par le prisme de la densité : « Nous avons une première base de points établie par rapport à la place et nous avons ajouté un coefficient de performance qui permet de récompenser les efforts fournis. Cette formule magique sert surtout à éviter les gros écarts de points au classement général ». 

Pour faire simple, le nombre de points ne sera pas identique si un athlète finit à 10 secondes du premier ou s’il accuse un retard de 10 minutes. Ce coefficient est en fin de compte pondéré sur le temps du premier arrivant et permet tout simplement de valoriser, une nouvelle fois, la densité des courses ! 

Ce système a été pensé pour les triathlètes et par les triathlètes. David Lacombe prend le temps d’être clair sur ce sujet en précisant que les ambassadeurs du circuit ont aussi posé leur pierre à l’édifice : « Pour établir ces règles, on a interrogé les pros, on a fait circuler notre règlement et on leur a demandé de nous dire ce qu’ils en pensaient. La version que l’on propose aujourd’hui est donc le résultat d’un consensus. » C’est sous cette forme que le terme d’ambassadeur Triaaathlon prend tout son sens. Une place de choix leur est légitimement réservée dans ce projet quand on atteste de leur degré d’implication : en plus d’être co-producteurs sur la confection du règlement, ils se rendront gracieusement sur les 4 courses du circuit.  

  1. Valoriser les compétences et l’expérience : Animation 

S’entraîner entre 25 et 30 heures par semaine pendant plusieurs années vous amène à cultiver des compétences et des expériences de vie qui valent de l’or. Rigueur, auto-discipline, résilience, engagement sont autant de qualités qui peuvent être transposées à beaucoup d’autres domaines et c’est le cas du monde de l’entreprise et celui de la vie civile. 

Les triathlètes professionnels ont leur propre marque de fabrique et le dernier objectif de Triaaathlon est de les mettre en valeur : « On souhaite les accompagner dans leur ascension. Certains sont passés du quasi-anonymat auprès du grand public à la lumière en remportant des titres internationaux et reconnus. Au travers de tout ce cheminement, ils ont un message à faire passer de retour sur expérience, que ce soit au détour du coaching, ou pour les plus matures (dans le sens où leur carrière est plus avancée) dans des conférences en entreprise ou lors de séminaires. Ils doivent se dire que leur expérience a une valeur et il y a d’ailleurs des entreprises qui sont prêtes à payer cher pour avoir accès à ces savoir-faire et savoir-être. Il y a ici un gros enjeu financier si on devient bon conférencier et ils ont toutes et tous un devoir à moyen/long terme d’anticiper leur après-carrière. Il faut s’inspirer des grands sportifs qui ont continué d’exister en écrivant des livres, en donnant des conférences ou en entraînant. »

Les sujets à aborder sont légion et constituent autant de bonnes occasions de s‘investir dessus qu’il y a de véritables réflexions à mener. On parle ici de la santé mentale des athlètes, des périodes de grossesse dans une carrière professionnelle, de l’ostéoporose : « Tous les triathlètes que j’ai rencontrés veulent porter des messages, mais ne savent pas comment faire. Ils ont ce syndrome de l’imposteur car ils ne se sentent pas légitimes. Notre travail consistera donc à regrouper toutes les conditions nécessaires pour leur offrir ce terrain d’expression. Nous cherchons d’ailleurs à étoffer notre équipe pour avoir une personne qui ne s’occupe que de ce sujet. »

Le dernier mot du Président : un circuit pensé pour l’avenir du triathlon 

Le triathlon de demain se décide, ou pourrait-on dire se dessine, dès aujourd’hui et c’est précisément la portée donnée au projet Triaaathlon. En répondant à cette simple question : comment aider les triathlètes professionnels français ? 

David Lacombe parle d’un circuit tourné vers les jeunes générations du triathlon : « On a aussi beaucoup discuté avec les jeunes ambassadeurs qui nous ont rejoint et le constat est simple : tout le monde ne peut pas se permettre d’aller à Lahti, à Hawaï ou ailleurs pour chasser les titres et rafler les récompenses (…) Notre objectif est de permettre à ces jeunes qui n’ont pas les moyens de faire le tour de la Terre d’accéder à un système de récompense au plus près de chez eux. On veut pousser cette nouvelle génération à faire 4 courses en France pour gagner de l’argent (…). Côté inscriptions, nous y verrons déjà plus clair dans un mois. Et pour ce qui est des classements de groupes d’âge, il n’y en aura pas en 2024. C’est une année test où nous allons essayer de remplir la jauge des pros et nous verrons ensuite en 2025. Sur ce dernier sujet, tout dépendra des discussions avec la Fédération car nous souhaitons vraiment travailler avec eux. D’ailleurs, ce qui serait aussi bien pour l’année prochaine, ce serait d’avoir le titre de champion de France remis par la Fédération à l’issue des 4 courses ».

Dates des épreuves du CNLD :

  • Lacanau le 4 mai 2024
  • Obernai le 2 juin 2024
  • Montauban le 7 juillet 2024
  • Royan le 21 septembre 2024

Lien vers le règlement du CNLD : https://www.triaaathlon.org/wp-content/uploads/2024/01/reglement-general-du-CNLD-2024-1.pdf 

Inscriptions du CNLD lancées le 15 janvier : https://www.triaaathlon.org/inscriptions/