Article paru dans le magazine 228_Juin 2023 / Rédigé par Simon Billeau et photos d’Activ’images

Qu’est-ce qui peut être plus difficile à accepter qu’un DNF (“did not finish”) qui se traduit par “n’a pas fini”? Hormis d’être disqualifié (pour une erreur arbitrale) ou chuter à vélo, il n’y a pas pire. Un DNF intervient soit si un élément extérieur vous y a contraint (une blessure, la météo…), soit parce que vous l’avez “choisi”, et cela peut avoir été la bonne décision à prendre.

Finisher… mais DNF

Ce qui est paradoxal en distance Ironman, c’est que vous pouvez avoir franchi la ligne d’arrivée, et néanmoins avoir la dénomination DNF. Cela arrive quand vous finissez votre course, mais que la durée maximale de l’épreuve a été dépassée. Avec la mise en place du rolling-start, tous les compétiteurs commencent à différents moments. Mais le temps maximal de 17 heures commence quand le dernier s’élance. Si vous êtes partis 20’ avant le dernier, avec le dernier partant à 7h du matin, l’épreuve se finira officiellement à minuit. Mais votre temps limite pour franchir la ligne d’arrivée est 23h40. Dans le feu de l’action, on a tendance à oublier cela. Si vous finissez après 23h40, vous n’aurez donc pas votre fameuse médaille de “finisher”, et pire encore peut-être, la mention “DNF” sera accolée à votre nom dans la liste des résultats.

Ressortir le positif

Évidemment, être “DNF” est un sentiment désagréable. Il faut réussir à passer par-dessus et après avoir avalé la pilule, le mieux est de positiver et de voir cette expérience comme “un mal pour un bien”. Je tiens cette expression d’un ami du Stade Poitevin Triathlon que j’entendais quand j’étais étudiant. Et il avait raison. Dans chaque événement difficile dans la vie, on peut se servir d’une situation compliquée et en tirer des enseignements, en ressortir plus fort mentalement et doté d’une expérience enrichissante.

Ce mois-ci, on vous liste quelques conseils pour tenter de transformer un DNF en atout pour le futur.

Tout d’abord, gardez à l’esprit que vous devriez être fier(e) d’avoir commencé. Vous ne vous êtes pas dégonflé. Pensez à votre détermination au long de votre préparation et tous les entraînements que vous avez “avalés” pendant ces longues semaines voire mois. Souvenez-vous des nombreuses heures d’entrainement, parfois dans le noir pour tenter de caser une séance avec votre vie de famille et professionnelle. Pensez à toute la sueur que vous avez dépensée pour être sur la ligne de départ, prêt(e) physiquement et mentalement. C’est déjà en soi un accomplissement.

Les aléas de course

Ensuite, essayez de faire la différence entre ce qui était contrôlable et ce qui n’était pas de votre ressort.

Imaginez, par exemple, si vous avez une crevaison. Cela n’est pas contrôlable, bien que le facteur risque puisse être diminué par l’emploi de pneus neufs et l’ajout de liquide anti-crevaison. Ce qui est en votre pouvoir, c’est d’avoir les compétences de pouvoir la réparer et d’avoir emmené avec vous le nécessaire de réparation. Mais si malgré vos efforts couronnés de succès pour vous remettre dans le droit chemin, vous franchissez la ligne d’arrivée après le temps limite, vous n’avez pas à démériter.

Imaginez maintenant que physiquement, vous êtes d’ores et déjà proche de finir votre course en nécessitant la quasi-totalité des 17 heures de course. Certaines mauvaises langues pourraient vous dire que vous devriez simplement vous entraîner plus pour avoir une marge de manœuvre. Mais l’âge, ou tout simplement des circonstances de vie personnelle font que certain(e)s ont besoin des 17 heures pour faire partie de la grande famille des finishers d’un triathlon. C’est trop facile de juger. L’important, c’est que vous soyez présent(e) sur cette ligne de départ en étant dans votre meilleure forme et prêt(e) à donner le meilleur de vous-même. Ensuite, si vous avez un ennui mécanique majeur ou un accident, ou que le climat est difficile, il est inutile de “s’auto-flageller” trop longtemps inutilement. Si l’événement qui a provoqué votre DNF était hors de votre contrôle, passer à autre chose. La vie est trop courte !

Analyser sa course

Cependant, certain(e)s ont besoin de plus de temps pour faire le ”deuil” de cette mésaventure. Il leur faut prendre le temps de traverser cette période de tristesse et d’accepter les émotions qui lui sont associées.

Il est naturel de pleurer, de faire la tête, de laisser de côté votre vélo accroché dans le garage et de laisser assez de temps à votre corps, mais aussi et surtout à votre esprit pour surmonter cette période de doute et de désarroi.

Ne pas entendre les mots “You are an Ironman”, ne pas recevoir sa médaille de finisher, voir son nom accolé de la mention “DNF”… tout cela est difficile à accepter. Et entendre les amis ou la famille vous dire qu’il y a pire n’aide en rien à aller mieux. Parfois, la meilleure façon de gérer une situation comme un DNF est de se changer les idées en raccrochant temporairement le maillot, le vélo et les chaussures et pratiquer une autre activité. Après une courte période, le manque du virus triathlon revient à la surface car le mode de vie est souvent plus attirant et bénéfique pour la santé que de franchir la ligne d’arrivée d’un triathlon quel qu’il soit. Et puis, s’y remettre, c’est ce donner une nouvelle chance de parvenir à ses objectifs.

Cette période de “deuil” peut être utile pour en sortir grandi si vous prenez le temps d’analyser la ou les raisons de votre DNF.

Le mieux est toujours de se poser et d’écrire ce qu’il s’est passé, en bien ou en mal, ce que l’on aurait pu faire différemment avant et pendant la course. Peut-être que la course était aussi plus ardue que vous ne l’imaginez, ou que vous avez surestimé votre niveau, ou négligé la partie nutrition, ou mal géré votre tempo. Mais gardez à l’esprit d’être indulgent avec vous-même. Vous n’êtes pas le 1er athlète à avoir abandonné et sûrement pas le dernier.

« Savoir abandonner demande aussi du courage (…) Ce qui importe, c’est de ressortir plus fort(e) d’un DNF. »

Même les plus grands champions ont des DNF dans leur palmarès. Ils font partie du processus et on ne retient jamais d’eux leurs échecs, mais leur plus grandes victoires. Comme eux/elles, pensez qu’il y a toujours une autre chance à l’horizon si vous le voulez.

Parfois, souvent même, l’histoire n’en est que plus belle. La vie est rarement comme un long fleuve tranquille, mais plutôt une rivière de montagne ayant à se frayer un chemin au milieu des rochers.

Quand bien même finir une course et atteindre un objectif est le but de tout un chacun, que votre accomplissement inspirera votre famille, vos amis, les jeunes et moins jeunes générations, il faut parfois savoir dire stop et être réaliste. Si durant l’épreuve, vous êtes dans l’incapacité de finir ou que votre intégrité physique est en jeu, il faut savoir s’écouter ou écouter les personnes sur le bord de la route qui ne veulent que votre bien.

Priorité à la santé

Quels sont les avantages d’un DNF ? Tout d’abord, se préserver physiquement et arrêter la “destruction”. Gardez à l’esprit que compléter une épreuve longue distance est un sport extrême, que l’on est souvent aux limites du corps humain. Et de ce fait, quand quelque chose intervient et que tout va mal malgré nos efforts, il faut savoir baisser pavillon. Savoir abandonner demande aussi du courage.

Votre santé est la priorité. Il est évident que tester ses limites est excitant, mais il faut savoir ne pas franchir la ligne qui pourrait changer le cours de votre vie. En courant intelligemment et en respectant votre stratégie, vous saurez comment écouter votre corps et jeter l’éponge ou non.

Pour surveiller vos paramètres physiologiques et avoir un retour d’informations sur des métriques vitales ou essentielles pour performer ou survivre, les outils de Core Body Temp et Supersapiens sont un investissement pertinent.

Récemment, Core Body Temp a montré la courbe de Kristian Blummenfelt à Kona en 2022. On peut y voir une augmentation progressive de sa température corporelle puis une stagnation grâce à une stratégie de refroidissement mise en place en amont. Puis, vient le marathon ou sa température augmente linéairement avant les 25 dernières minutes où il se bat pour conserver sa place sur le podium. Il montera à 40.7 degrés celsius et restera à cette température pendant 25’ après la course malgré les efforts de l’équipe médicale. Nul doute que sans cet outil, Kristian aurait sûrement fait des choix différents durant sa course à pied et aurait peut-être explosé sur sa fin de course.

https://corebodytemp.com/blogs/news/blummenfelt-s-core-temp-at-kona-race-analysis

De même, les deux Norvégiens Iden et Blummenfelt, qui dominent le longue distance ces dernières années, ne courent jamais sans l’outil qui mesure leur glucose sanguin (interstitiel pour être plus précis). Cela leur permet de mesurer en temps réel et de voir les conséquences d’une augmentation de leur intensité d’effort sur les échanges de substrats dans leur corps ou d’ajuster les prises d’énergie. Cet outil est sûrement le produit ultime qui peut vous sauver d’un DNF, ou vous permettre de vous améliorer pour la prochaine fois et ne pas revivre cet échec.

https://www.supersapiens.com/

Ce qui importe c’est de ressortir plus fort(e) d’un DNF. Un coach peut aussi apporter un œil extérieur très judicieux.

DNS et dernier finisher

Si vous êtes la lanterne rouge ou le dernier “gladiateur” à en finir avec un triathlon,  n’abandonnez pas seulement pour cette raison… Il en faut toujours un(e). Si vous regardez le Tour de France, le dernier est célébré, de même que sur IRONMAN, où les vainqueurs accueillent les derniers et leur remettent leur médaille.

Pour ce qui est de ceux qui n’ont pas commencé, les DNS (Did Not Start), il faut garder à l’esprit qu’il est toujours préférable de se concentrer sur la qualité que la quantité. Inutile de se présenter sur la ligne de départ si vous n’êtes pas prêt(e) ou que votre motivation n’est pas à son paroxysme.

Posez-vous les questions de votre implication dans ce sport et particulièrement pour cette course. Parfois, des événements font que votre présence est demandée par votre famille ou votre travail. Il y aura toujours une nouvelle opportunité d’accrocher un dossard. Par contre, on n’a qu’une vie et qu’une famille.

DNF, DNS ou finir dernier peuvent être des épreuves douloureuses mais il y a aussi des bénéfices. Ils ne sont pas forcément évidents au départ, mais après une période de réflexion, ils feront surface.

Gardez votre intégrité physique et mentale intacte, protégez votre santé et sachez que les challenges dans votre vie font ce que vous êtes, construisent votre caractère et vous rendent plus fort(e).