Article paru dans le magazine n°233 / Rédaction : Simon BILLEAU _ photos FREEPIK

Michael Jordan a dit que les champions se font quand personne ne les voit. C’est donc durant la période hors compétition que les champions bâtissent leur succès à venir. Cependant, avant de repartir dans une préparation intense tant du point de vue du volume que de l’intensité, il est essentiel de “couper”. En tant que bons triathlètes, il nous est parfois (très souvent) difficile de ne plus suivre notre routine “addictive”. D’autres coupent trop longtemps et perdent de nombreuses semaines à revenir à leur niveau de “fitness” avant la coupure. Pour ce dernier numéro de l’année, nous tentons donc de vous persuader de couper intelligemment durant cette trêve hivernale, pour donner à votre corps et votre esprit ce repos bien mérité.

Qu’est-ce que la phase de coupure?

En général, la fin de saison se termine par la coupe de France des clubs en octobre  (qui n’est malheureusement plus au calendrier pour 2024) pour les uns, ou le championnat du monde Ironman à Kona pour d’autres. Dans tous les cas, nous avons tous accumulé de nombreuses heures d’entraînement et de kilomètres pour s’aligner au départ d’une ou plusieurs courses, ou encore pour tout donner sur une dernière compétition.

Après une saison bien remplie, il est nécessaire de laisser les tenues en nylon dans l’armoire et de redevenir un être humain sociable le temps de 4 semaines idéalement, et peut-être plus si cette dernière course ne s’est pas déroulée de la façon dont vous le souhaitiez. La fatigue mentale est sûrement en partie responsable de cette contre-performance. De plus, vos systèmes immunitaire et neuronal sont également affectés par les stimuli répétés jour après jour.

Pour certains, couper 4 semaines n’est pas un problème. Pour d’autres, le sentiment de culpabilité est insoutenable. La peur de perdre leur niveau ou de prendre du poids les panique. Or, ces deux désavantages de la coupure sont en fait importants. Être en-dessous des 10% de masse grasse toute l’année n’est pas forcément sain ! Pour la majorité d’entre nous, pas de risque de flirter avec la barre des 10% de masse grasse. Si c’est votre cas, inutile de se restreindre surtout si vous êtes en vacances. 

« Couper ne veut pas forcément dire ne rien faire. »

Par contre, si vous planifiez une course vallonnée ou que la performance en triathlon est une priorité, sachez qu’il est plus judicieux de perdre ces kilos de trop le plus loin possible temporellement de la course majeure, et cela et augmentant le volume plutôt qu’en coupant les calories…

Durant la période de coupure, il est important d’arrêter de contrôler les différents paramètres physiologiques, et avec les applications dédiées. Laisser le bracelet Whoop dans le tiroir de votre table de chevet. De même, si vous décidez d’aller pratiquer une activité physique, laissez votre montre connectée a la maison, profitez pleinement de la nature et des personnes qui vous accompagnent.

Couper ne veut pas forcément dire ne rien faire. Cela peut être d’aller faire une randonnée, enfourcher votre VTT, aller monter un mur d’escalade (très bénéfique en termes de coordination et de renforcement), profiter des sports d’hiver comme le ski de fond, les raquettes…

À privilégier pendant la coupure :

  • Travailler les déséquilibres musculaires par des exercices de renforcement,
  • Nager, nager, nager… C’est de loin l’activité la plus douce sur vos articulations et le plus gros frein pour un esprit serein avant un triathlon
  • Travailler la flexibilité, la souplesse. Avec l’âge, les muscles se rigidifient et l’amplitude musculaire est réduite. Or, la vitesse est le produit de la fréquence par l’amplitude…
  • Travailler vos points faibles : si la nutrition est un domaine qui revêt des mystères, consultez un nutritionniste du sport. À minima, lisez « Service gagnant », le livre de Novak Djokovic. Des recettes sans gluten sont proposées.
  • Travailler votre position en vélo. La coupure est le moment idéal pour passer entre les mains d’un expert, afin d’économiser de précieux watts par la suite. 
  • Aller dans une soufflerie pour optimiser votre aérodynamisme. Aeroptimum a Magny-Cours est de loin l’équipe préférée à contacter pour réduire votre CdA.
  • Profiter de grasse matinées, de siestes, de nuits réparatrices plus longues que durant la saison
  • Aller au sauna, au spa, au jacuzzi
  • Visiter sa famille, ses ami(e)s
  • Faire le bilan de la saison écoulée et planifier la prochaine avec les courses majeures

A éviter pendant la coupure :

  •  Boire de l’alcool, surtout sans modération
  •  Parler de triathlon en permanence
  •  Se surentraîner et se blesser…

Vous l’aurez compris, la liste des “interdits” en période de coupure est minime. Il faut savoir profiter de cette courte période de régénération pour profiter de la vie extra-sportive. C’est indispensable pour se refaire une santé tant physique que psychique. L’envie de se remettre à l’entraînement avec plaisir, et non contrainte, doit ou devrait être un signe annonciateur que la période de coupure a été assez longue.