Article paru dans le magazine 214 _mars 2022 / Rédigé par Simon Billeau

Si vous débutez dans la course à pied ou en triathlon, vous entendez sûrement votre coach ou des camarades de club parler de cadence de foulée pour la course à pied, de cadence de pédalage en cyclisme ou de coup de bras par minute en natation. Quelle est du coup la meilleure cadence, du moins le meilleur compromis pour être le plus efficient possible ? Comment l’améliorer ? Comment y arriver ? Explications.

Que l’on soit novice ou expert, la biomécanique aide à comprendre les techniques gestuelles utilisées dans les 3 sports. Travailler sa technique n’est jamais du temps perdu. Cependant, on n’a pas toujours un coach sur notre dos et/ou une caméra permettant d’analyser des vidéos. Mais les différentes cadences employées dans les 3 sports et plus particulièrement celle utilisée en course a pied revêt une importance considérable, tant d’un point de vue de performance, que d’un point de vue prophylactique.

Généralement, les novices ou débutants ont des cadences relativement basses aux alentours des 150-155 pas par minute (ppm). Si votre cadence est proche de ces valeurs, cet article devrait vous intéresser. Si vous excellez déjà dans ce domaine, cela vous confortera dans votre démarche et la dernière partie pourrait vous faire découvrir   des outils pour continuer à maîtriser votre cadence.

Nous allons vous expliquer dans cet article ce qu’est cette notion de cadence, en quoi elle s’avère essentielle dans votre programmation d’entraînement et quelques astuces pour maîtriser l’art d’une cadence plus élevée.

L’introduction du travail de cadence dans votre course vous aidera à améliorer votre posture et à réduire votre temps de contact avec le sol. Deux éléments clés d’une course « légère » en opposition à une course à pied ou le talon attaque le sol en premier.

Commençons par définir ce qu’est la cadence de course à pied. La cadence de course est souvent définie comme le nombre total de pas que vous faites en une minute. La première chose à faire est donc d’évaluer vos pas par minute (SPM).

Plus de cadence, moins de blessures

Ensuite, examinons en quoi la cadence est si importante et comment peut-elle jouer sur la technique. La cadence affecte le temps de contact avec le sol. Le temps de contact au sol fait référence à la durée pendant laquelle votre pied est en contact avec le sol à chaque foulée. Concrètement, plus le temps de contact au sol à chaque foulée est important (donc une cadence basse), plus grande est la pression sur les articulations et les muscles. À  l’inverse, moins de temps de contact équivaut à moins de pression. Cela s’explique notamment par l’attaque du pied au sol. Une cadence basse est en général associée à une attaque du talon au sol alors qu’une cadence élevée est effectuée par une attaque médio-plantaire.

La prise d’appui talon entraîne un impact transitoire qui envoie une onde de choc tout au long du squelette. L’impact transitoire est toujours présent lors du port de chaussures. Cependant, le port de chaussures ralentit la propagation de l’onde de choc et diminue sa magnitude de l’ordre de 10%. Lors d’une prise d’appui médio-plantaire, l’impact transitoire est inexistant. La force de réaction au sol est amortie tout au long de la prise d’appui.

Les conséquences d’une cadence basse sont aussi une phase aérienne plus longue ce qui entraîne une variation du Cg (centre de gravité) plus importante. Concrètement, les coureurs avec une cadence basse ont des oscillations verticales plus grandes. Ainsi, on comprend donc qu’utiliser des chaussures les plus épaisses ne fait qu’exacerber une technique défaillante, un peu comme prendre des médicaments pour soulager la douleur sans déterminer les causes. D’un point de vue de la prévention des blessures, les coureurs ayant une attaque médio-plantaire sont d’ailleurs sujets à moins de traumatismes au niveau des chevilles, genoux et hanches que les coureurs attaquant par le talon.

Travaillez l’attaque, mais aussi le retour aérien du pied

On peut maintenant se demander quelle est donc une bonne cadence. Pendant des décennies, il était communément admis qu’une cadence de 180 par minute était la valeur idéale; une valeur observée chez les athlètes du 3000 m au marathoniens aux JO de Los Angeles de 1984 notamment. Cependant, si votre cadence est juste en dessous de 180 par minute ou plus élevée,  inutile de la changer. Nous sommes tous différents et selon l’âge et la taille, la cadence sera légèrement différente.

Il existe différentes méthodes ou outils pour vous aider à optimiser votre cadence de course. D’un point de vue sensori-moteur, il est judicieux de se concentrer sur le début de la phase du retour aérien du pied plutôt que la phase d’attaque. En d’autres termes, essayez de penser à soulever votre pied arrière plutôt que de vous focaliser sur l’impact du pied avant.

Au niveau technique, essayez d’attaquer avec un pied dans le prolongement vertical de votre hanche plutôt que d’avoir une jambe tendue en avant de votre centre de gravité. En termes de sensation, imaginez que vous courez sur des œufs et que le but est de  ne pas les casser. Il existe des métronomes qui peuvent vous aider à vous caler à la cadence idéale ou  optimale. Des chaussures avec des semelles sans drop peuvent également vous aider à changer progressivement de cadence de course. Courir pieds nus sur des terrains souples est une bonne alternative également.

Enfin, la marque espagnole FBR a développé une paire de chaussures dont le talon a été retiré (lire notre article au sein de ce magazine). C’est à mon sens un outil très intéressant pour courir notamment vos footings à faible intensité, mais aussi vos séances sur piste. Le retrait du talon n’offre pas d’alternative à une attaque médio-plantaire.

Vous l’aurez compris, cette notion de cadence semble être très basique, mais c’est  un critère que l’on retrouve chez chaque athlète de haut niveau. C’est une façon économique et très efficace pour faire des progrès à tous les coups et… sans risque de blessures. Bien au contraire!