Article paru dans le magazine 205 _avril-mai 2021 / En collaboration avec Swiss Side

Ça y est, c’est le jour J. Vous avez dormi 3 fois 20 minutes, avalé votre gatosport, emprunté la pompe à votre voisin de transition pour la 10e fois. Vous avez froid aux pieds avec vos claquettes et le ventre en vrac, mais il n’y a plus le choix, vous enfilez la combi et c’est parti ! La natation est une “formalité”, vous vous soucierez de la course à pied plus tard… Parce qu’entre les deux, il faut envoyer la “purée”. Le vélo… La discipline que vous avez sans doute bossé, plus que les deux autres réunies. Avec votre machine qui a gagné des grammes et des watts à mesure que votre portefeuille s’allégeait. Mythes, secrets, légendes … Les spécialistes de l’aérodynamique de chez Swiss Side ont décortiqué quelques théories populaires en matière d’efficacité sur le vélo, pour que vous puissiez optimiser encore un peu plus la “bête” (sans oublier l’élément placé entre la selle et le guidon) et terminer votre prochain triathlon avec les jambes “détruites”, certes, mais avec le sourire en plus.

Plus c’est léger, plus ça va vite

C’est totalement FAUX, il s’agit là d’un mythe de l’industrie… Les chiffres racontent que dans 99 % des cas, l’aéro a raison du poids. Même sur des parcours avec de grosses pentes, opter pour un montage aéro sera plus rapide. Pour un cycliste moyen, la pente moyenne doit être supérieure à 4,5 % pour que le poids prenne le dessus. Concrètement, cela signifie 4 500m de dénivelé positif sur 100 km ! Pour les cyclistes professionnels roulant plus vite, cette moyenne grimpe à 7,5 %. En d’autres termes, cela signifie que la sortie doit être un pur chrono de montagne pour que le poids soit plus important.

Plus le(la) cycliste est affûté(e), plus c’est aéro

Ceci peut être à la fois VRAI et FAUX.

VRAI, car des coureurs plus petits et minces ont une surface frontale réduite et donc une traînée aérodynamique moindre. Mais ils sont aussi moins puissants et doivent utiliser cet avantage au maximum.

Mais c’est aussi FAUX ! Un volume supplémentaire au bon endroit peut en fait être bénéfique. C’est ce que nous appelons la “bedaine aéro »… Il a été démontré qu’un petit ventre apparent a un impact positif sur l’aérodynamisme car il permet de mieux diriger le flux d’air autour du torse. Alors la prochaine fois que vous roulerez avec une personne au ventre plus arrondi, appréciez le fait qu’il y ait un aspect aérodynamique positif à ses proportions plus généreuses !

Plus les jantes sont hautes, plus on va vite

Là aussi, c’est VRAI, mais cela peut être FAUX dans certaines conditions.

VRAI. Des jantes plus hautes correctement conçues ont une traînée aérodynamique plus faible et un effet de voile plus prononcé. Elles seront donc plus rapides. Malheureusement, si le vent est trop fort, leur hauteur se transformera en pénalité.

FAUX. Si le cycliste ne peut tenir sa position aéro et que la roue avant est incontrôlable en raison d’un vent trop fort, une jante plus réduite sera beaucoup plus rapide. L’athlète représente environ 75 % de la traînée aérodynamique totale ; la priorité principale est toujours de s’assurer qu’il ou elle puisse maintenir sa position et sa puissance le plus longtemps possible. Si vous vous battez contre Éole et vos roues pendant toute la course, votre moyenne en prendra un coup. Et votre moral aussi !

La position “mante religieuse” est la plus rapide en contre-la-montre

FAUX. Chaque athlète est unique. La flexibilité et la forme que peut adopter une personne lorsqu’elle est en position “TT” sont différentes pour chacun. Selon la position du corps, les différentes positions des bras et des mains ont un impact différent sur le flux d’air. La configuration du vélo, et en particulier du cockpit, fait également la différence. Ainsi, pour un athlète, la position de la mante religieuse peut être très efficace pour réduire la traînée, mais pour un autre, elle peut être une catastrophe aérodynamique !

Le plus important est que, quelle que soit la position la plus efficace pour un athlète, il ou elle doit être capable d’atteindre la puissance cible dans cette position ET de la maintenir pendant toute la durée de la course. C’est très bien de tenir une position parfaite pendant 10 minutes en soufflerie, mais si vous commencez à dodeliner de la tête et bouger les épaules après 5 km, votre traînée aérodynamique tout comme votre vitesse vont se dégrader.

Deux bidons derrière la selle sont moins aéro qu’un seul et unique

Malgré les idées reçues, c’est FAUX. Le flux d’air dans la zone située directement derrière le cycliste est complètement isolé, et l’air qui s’y trouve est généralement pris dans un tourbillon et aspiré avec le cycliste. Par conséquent, il n’y a pas de vitesse d’air relative dans cette zone. C’est en quelque sorte un point mort. Le fait d’y placer des objets tels que des bidons ou des kits de réparation ne génère donc aucune traînée aérodynamique.

Notre conseil de pro ? Placez vos bidons aussi près de vos fesses que possible, et pas trop bas, pour qu’ils soient bien placés dans la zone neutre derrière vous.

Les systèmes d’hydratation intégrés sont les plus efficaces

FAUX, mais pas toujours. Un vélo ne doit pas forcément être équipé d’un système d’hydratation totalement intégré pour être rapide. Les systèmes montés sur le guidon de triathlon sont très efficaces. D’ailleurs, remplir l’espace entre les avants bras avec un bidon de type torpedo peut contribuer à réduire la traînée aérodynamique, puisque les turbulences autour des bras sont réduites, lissant le flux d’air.

Encore une fois, le plus important est de maintenir la position aéro sur une durée maximale. Tout mouvement compromet la traînée et la vitesse, donc si vous n’avez pas besoin de bouger pour boire, vous serez plus efficace. Cela vous encourage également à boire plus souvent, très important pour la performance !

À éviter par contre : les bidons ronds standard sont très pénalisants sur la plupart des cadres car ils augmentent massivement les turbulences autour des tubes. Les cylindres sont les ennemis de l’aérodynamisme ; choisissez donc un bidon de forme aérodynamique dans la mesure du possible.

Casque aéro, toujours !

Sans surprise, c’est VRAI. Et il y a des watts à gagner, que vous participiez à une course sur route ou à un contre-la-montre. La différence entre un casque de route aéro et un casque de route standard est d’environ 6 W à 45 km/h (3 W à 35 km/h). Et si l’on compare un casque de contre-la-montre à un casque de route standard, la différence est alors supérieure à 10 W à 45 km/h (> 5 W à 35 km/h). Cela suppose bien sûr que le casque soit correctement ajusté et que vous puissiez maintenir confortablement votre position aérodynamique pendant de longues durées. Si vous portez un casque avec une pointe qui se dresse en l’air car pas adaptée à la position de votre corps sur le vélo, ou si vous bougez trop, les avantages seront compromis.

Aujourd’hui, les casques aéro (TT ou route) offrent également une excellente ventilation. Sélectionnez-en donc un bon et Kona ne sera pas synonyme de surchauffe.

Porter un casque aéro sans visière compromet l’avantage aérodynamique.

FAUX. Dans tous les tests que nous avons effectués jusqu’à présent en soufflerie, nous n’avons encore jamais vu un cas où le retrait de la visière avait un impact mesurable sur la performance. En tant qu’aérodynamiciens, nous sommes les premiers surpris, mais les chiffres ne mentent pas et nous avons répété ce test des dizaines de fois avec de nombreux athlètes ainsi qu’avec notre mannequin « Joachim ».

Notre conseil de pro ? Retirer la visière est un très bon moyen d’augmenter la ventilation lors d’une journée chaude. Et puisque la surchauffe peut avoir un impact énorme sur la performance, oubliez la visière et optez pour vos lunettes de soleil si la canicule est annoncée.

Moins de tissu, plus de vitesse

FAUX. En tant qu’experts de l’aérodynamique, nous travaillons selon la devise : « le  vent n’aime pas la peau. » Couvrir une plus grande partie de votre peau est donc bénéfique pour l’aérodynamisme. Une combinaison avec manches est plus rapide qu’une combinaison sans manches par exemple.

Les tissus plus rugueux sur les bras, les épaules et les jambes sont aussi généralement meilleurs que les tissus lisses. Cela suit la même logique que les pneus structurés qui sont plus rapides que les pneus lisses. La structure du tissu ajoute des turbulences au flux d’air de surface. Pour qu’un athlète soit rapide par vent latéral et bénéficie d’un bon effet de voile, ses vêtements doivent provoquer des turbulences de surface. La clé est d’en avoir juste la bonne quantité : ni trop, ni trop peu.

De la même façon, porter des chaussettes plus hautes ou des manchons de compression améliore les turbulences de surface et économise quelques watts à haute vitesse (environ 6 w à 45 km/h et 3 w à 35 km/h selon nos tests en soufflerie)

Les couvre-chaussures sont l’option la moins cher pour gagner des watts

FAUX. Les couvre-chaussures ont fait très peu de différence dans tous nos tests. En dessous de 45 km/h, l’effet des couvre-chaussures est très faible (< 1,5 W), voire même imperceptible. Pour les triathlètes, le temps perdu à les mettre dépasse de loin tout avantage. Pour les cyclistes professionnels, c’est à des vitesses moyennes supérieures à 50 km/h que les avantages deviennent mesurables. C’est plutôt rapide pour la plupart d’entre nous…

CONCLUSION

  • Souciez-vous avant toute chose de votre position sur le vélo, car elle représente 75% de votre impact aérodynamique
  • Une position incroyable ne servira à rien si vous ne pouvez pas la tenir plus de 15 minutes.
  • Oubliez les quelques grammes supplémentaires et les couvre-chaussures
  • Sélectionnez une trifonction à la bonne taille qui recouvre bien les épaules et les biceps
  • Déposez vos bidons classiques et investissez dans un montage au guidon ou derrière la selle (ou les deux)
  • Adaptez votre choix de roues aux conditions de vent pour être en mesure de contrôler votre machine, et tenir votre position.
  • Vos excès de Noël / anniversaire / Pâques / barbecue / vendredi soir… ne peuvent que vous donner un avantage aérodynamique.